samedi 12 décembre 2015

Sources de mon changement de type de pédagogie

Je vais essayer de suivre les conseils de Georges Couros, en écrivant mon parcours et mes interrogations. Voici un petit bout de mon histoire et un premier problème actuel.

J'ai eu l'occasion, dans un boulot précédent, de passer des heures et des jours à lire (on appelait ça de la recherche). C'était au début des blogs et autres Wikis. Le début d'un nouveau monde, le Web2.0. Je souhaitais faire de la recherche en pédagogie de l'informatique, mais on m'a donné le signal que ça n'existait plus vraiment, et je n'ai pas trouvé de groupe de recherche à ce moment là. Y avait il un creux ? Une démotivation des professeurs qui me suivaient ? Qu'importe, j'ai décidé de la faire sur le terrain.

Je suis donc devenu enseignant, en secondaire supérieur belge (15-18 ans pour les non belges qui me liraient). J'ai commencé par des remplacements, en "rentrant dans les pantoufles" des autres, puisque je devais leur "rendre leurs élèves" après.
Après 2-3 ans, j'ai eu "mes" classes, en particulier en Activité Complémentaire Informatique.
J'ai donné les cours classiques que j'avais reçu en "ne le sentant pas trop" : traitement de texte, tableur, multimédia (site web en html et manipulation d'images avec Gimp). Je les donnais à ma manière, plutôt en relation avec ce que j'avais lu, mais tout à fait traditionnelle : je cause, je leur donne des exercices, un cours papier, puis contrôle et examen.
Puis je me suis rendu compte qu'après avoir étudié le traitement de texte pendant 4 mois et une pause de 6 mois à faire autre chose, dont 2 mois de vacances, ils ne se souvenaient pas, pour la très grande majorité, qu'une table des matières pouvait se faire automatiquement. Pourtant, je ne leur enseignait que les "invariants" : caractère, paragraphe, page, styles...

C'est avec ça que je me suis décidé à tout changer, mais petit à petit. Le traitement de texte, par exemple, je ne leur en parle que lorsqu'ils en ont besoin, en dernière année, pour leur travail de fin d'études (~15 pages). Avant, ils n'ont pas besoin d'un vrai traitement de texte, gras italique souligner et insérer une simple image ou jn petit tableau suffit. Leur apprendre autre chose ne revient qu'à essayer de leur donner un réflexe pavlovien, dont ils s'empressent d'oublier l'existence dès qu'ils le peuvent (mais qui revient parfois si on le leur rappelle).
Depuis, j'essaie de recréer ce besoin dans le reste de mes cours. Le mot clé pour l'instant, c'est "essaye" :-). La plupart de mes cours, je leur explique le strict minimum, puis je leur donne des exercices qui, je l'espère, leurs parlent (choisir un pc, s'intégrer dans une photo, faire un budget prévisionnel d'une soirée...).

Je viens juste de constater, avec un examen tableur aux questions volontairement un peu confuses, qu'une bonne partie de mes élèves actuels ne comprennent absolument pas ce qu'ils font. Ils arrivent à me mettre dans une facture un produit "mettez vos ajouts eventuels ici" qui coûte "Imaginez" ! Ils ont également calculé une TVA sur un montant TVA comprise !? Et ce sont de bons élèves par ailleurs : bons points, travailleurs...

Je suis donc en réflexion sur la manière de leur montrer vraiment l'utilité de comprendre ce qu'ils font en général, et comment utiliser le tableur en particulier...

2 commentaires:

  1. Bonjour M. Schoubben,

    Je vais vous apposer mon avis, qui n'est rien d'autre qu'un avis d'étudiant. Je pense que si ils ne comprennent pas ce qu'ils font ou n'ont pas l'envie de comprendre ce qu'ils font, c'est simplement parce que ça ne les intéresse pas. Soyons franc, la plupart des élèves choisissant Informatique en option secondaire choisissent cette option "Parce qu'on ne fait rien dans ce cours et que c'est cool". C'est la mentalité adolescente, on ne peut pas leur en vouloir pour ça. Néanmoins, si ça pouvait les captiver et les intéresser, ou tout simplement leur simplifier la vie, je pense qu'ils y mettraient un peu plus de coeur.

    Je suis actuellement dans le supérieur en Informatique, et après 3 années d'études, j'ai seulement appris à maitriser les bases du tableur il y a quelques jours. Pourquoi? 4 colonnes de données à analyser sur 2000 lignes, comparer les valeurs 2 à 2, en retirer le %tage de valeur égales 2 par 2, et reproduire cette action sur une 30aine de base de données. J'aurais pu le faire à la main, mais ça m'a découragé. Donc, j'ai appris à comment me servir d'excel.

    Donc, la solution serait peut-être de leur donner une situation, quelque chose de captivant, mais je n'ai aucune idée de ce que ça pourrait être, et ensuite leur dire ce qu'ils doivent faire, et leur laisser le choix de le faire par excel ou sur papier, ou sur excel sans utiliser les formules. Je pense qu'ils auront vite fait le choix et comprendront donc l'utilité d'excel.

    Mais surtout n'oubliez pas que les étudiants en secondaire ne sont pas forcément passionnés par l'informatique, ni par l'éducation, ni par l'école en général même. Dans le supérieur, on trouve déjà beaucoup plus de personnes passionnées par ce qu'elles font, ou du moins envieuse d'apprendre.

    Néanmoins, si je me souviens bien, vos projet informatique fonctionnent très bien et les élèves apprennent de par ce qu'ils font durant ces projets. La solution pour vos tableurs se trouve peut-être là: Créez le besoin chez eux de l'utiliser, ainsi ils l'utiliseront.

    Je le rappelle, ceci n'est que mon avis d'étudiant, et il se peut que j'ai tort sur beaucoup de point. J'espère tout de même que ça pourra vous aider dans votre réflexion.

    Respectueusement,

    Un ancien élève.

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  2. Merci pour ton avis, cher ancien élève anonyme :-). J'en arrive à penser la même chose, et je suis en pleine réflexion sur ce cours de Tableur. Je sais que plusieurs élèves le trouvent bien. En particulier ceux qui peuvent l'utiliser chez eux, ou qui doivent l'utiliser dans leurs études après. J'imagine donc qu'il a une utilité, et ça me rassure :-).
    Je retiens, en particulier, de ton commentaire qu'il faut qu'on voit bien la valeur ajoutée du tableur, par quelque chose qui est "trop pénible" ou "impossible" à faire à la main. Je vais donc essayer de chercher un problème de (mini-)big data, intéressant pour (quasi) tous les élèves de 5e secondaire. J'ai quasi un an pour que cette réflexion aboutisse :-).
    Pour les projets, je suis aussi en train de me demander si je ne devrais pas travailler, de manière plus encadrée qu'en rhéto, dans ce style là dès la 5e, avec "quelque chose de la vraie vie". Maintenant, ça va être chaud de trouver un exemple de la vraie vie, demandant la compréhension du tableur, de l'écriture sur le Web, du matériel info et de la manipulation d'image :-). Ou alors je change encore le contenu programme... Ce qui est possible aussi. J'en profite pour dire merci au Cégec d'avoir aboli le programme de 1994 et de ne pas l'avoir remplacé !

    En ce qui concerne l'intérêt des élèves pour l'école en général, plus que pour mon cours en particulier, c'est un de mes autres chevaux de batailles actuellement :-).

    Je ne sais pas si c'était déjà comme ça à ton époque, mais depuis quelques années, l'activité est devenue pour quasi tous les élèves un choix réel : ils ont le choix entre informatique, espagnol ou étude :-) ). J'imagine donc qu'il y en a de moins en moins qui choisissent ça parce qu'on y fait rien et de plus en plus parce que c'est cool ou parce qu'on y apprend quelque chose d'utile.

    Encore merci pour ton avis.

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